Wednesday, February 17, 2016

miliciens


Dans une caserne d'Abidjan, les frères ennemis d'hier, des miliciens de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et des combattants qui ont porté Alassane Ouattara au pouvoir, se côtoient au nom du retour à "la paix", en attendant d'être fixés sur leur avenir. 
"Nous sommes ensemble!", clame un homme en treillis, kalachnikov en bandoulière. Dans le quartier de Yopougon (ouest), théâtre des derniers combats, ce qui fut la caserne de la BAE (Brigade anti-émeutes), une unité d’élite du régime déchu, est désormais sous l’autorité des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), à qui la victoire est revenue en avril après quatre mois de crise post-électorale.
La base, dirigée par le commandant Ousmane Coulibaly, dit "Ben Laden" – l’un des chefs les plus connus des FRCI et de l’ex-rébellion du Nord qui en est l’ossature -, accueille plusieurs centaines de jeunes, membres des anciennes milices et volontaires FRCI.
Apprentissage de la discipline
Au petit matin, c’est le rassemblement sur la place d’armes en terre battue, au pied du drapeau ivoirien. La journée est rythmée par les exercices physiques et l’apprentissage de la discipline. Dans les rues de ce quartier très populaire qui a été un fief de Laurent Gbagbo, on voit ces jeunes courir en entonnant des chants guerriers.
Augustin Mian, chef de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), tout-puissant et sulfureux syndicat sous l’ère Gbagbo, a été un artisan de ce rapprochement en appelant à déposer les armes après la chute de son mentor le 11 avril. "Il faut que véritablement la tranquillité, la quiétude, la sécurité soient de mise pour tout le monde", explique-t-il à l’AFP. De nombreux sympathisants de la Fesci s’étaient engagés au sein des milices, connues pour leurs exactions, qui combattaient aux côtés des militaires loyaux à l’ex-président.
"Je suis un ex-milicien, j’ai pris les armes pour une cause, mais j’ai compris qu’il fallait revenir à la paix", confie Guy-Hermann Gnakabi, étudiant. "Nous avons été accueillis après notre ralliement par nos frères des FRCI", dit-il, vantant "cohésion" et "fraternité".
"On mange le même repas"
"Ici on patrouille ensemble, on dort dans la même chambre, on mange le même repas", confirme un élément FRCI. Ex-milicienne devenue secrétaire du commandant en second du camp, Edichy Gladis N’guessan renchérit : "il n’y a plus de miliciens pro-Gbagbo ni de rebelles pro-Ouattara, nous formons une seule entité pour aller à la paix".
Mais une autre, Annick Emma Tieyon, reconnaît que les débuts ont été difficiles. "Il fallait enlever la peur et vivre ensemble. Ce n’était pas évident de rencontrer ses ex-ennemis".
"C’est ici que la nouvelle armée ivoirienne est en train de prendre forme", s’enthousiasme un officier FRCI. Beaucoup de jeunes encadrés dans cette base – souvent des chômeurs – souhaitent embrasser le métier des armes. Si M. Ouattara vient tout juste de nommer un nouvel état-major, le chantier de la fusion-restructuration de l’armée n’est cependant pas vraiment lancé, et il fera nécessairement des déçus: nombre de FRCI et d’anciens miliciens seront recalés.
"Pour l’instant, on n’a pas eu d’assurance", témoigne un jeune. En attendant, placardé dans le camp, un message de "Ben Laden" annonçant la mort de "Maguy Le Tocard", ex-chef de milice emporté par une maladie, démontre que l’heure est officiellement à la réconciliation. "Information: le commandant Coulibaly Ousmane a le profond regret de vous annoncer le décès du commandant Maguy Le Tocard survenu le 3/07/11".
18 Avril 2011
«  Nous devrons mettre fin à la violence, il faut retrouver le chemin de l’école. Je demande aux élèves et étudiants qui ont encore des armes, de les déposer. Nous devrions écrire ensemble la nouvelle page de notre pays avec le président Alassane Ouattara, nous faisons confiance aux ministres de la Défense Guillaume Soro et à celui de l’Intérieur Hamed Bakayoko pour assurer la sécurité des élèves et étudiants »,