Très actifs dans les affaires, les membres de la famille présidentielle ne manquent pourtant pas d’ambitions politiques. Si Houphouët Boigny, Léopold Sédar Senghor et Julius Nyerere ont totalement écarté leurs familles de la gestion des affaires publiques, il en va tout autrement de la génération actuelle. Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi et Abdoulaye Wade avaient clairement affiché leurs désirs d’une succession dynastique. Ils étaient convaincus qu’après eux, le trône devait nécessairement revenir à la progéniture.
Naguère précédé par une solide réputation de gestionnaire rigoureux et intègre, Alassane Ouattara a créé la surprise en Côte d’Ivoire en s’entourant d’une cohorte de soi-disant conseillers et en nommant son propre frère au poste stratégique de financier. Mais ce sont les présidents Eyadéma du Togo et Omar Bongo du Gabon qui ont, à titre posthume, décroché la médaille d’or du népotisme. L’un et l’autre ont préparé, de leur vivant, une succession familiale concoctée dans des élections sur mesure dont l’issue ne faisait aucun doute.
Comme on le voit, le malheur de l’Afrique vient, dans une large mesure, de l’exercice personnalisé du pouvoir et son mode de transmission. La dérive monarchique de nos dirigeants résulte de l’étendue des pouvoirs dont ils disposent seuls, de façon inconditionnée ; les prérogatives grâce auxquelles ils peuvent, s’ils le veulent, échapper à toutes les déterminations.
Dr. Mamadi Keita Babila
Washington, DC, 18 Juin 2012
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